L'IMPORTANCE DE LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR

Longtemps banalisée par les professionnels de santé et par la société civile, ce n’est qu’en 1995 que la douleur fait son apparition dans un texte de loi français. Ce dernier établit alors que les établissements hospitaliers se doivent de faire le nécessaire pour veiller à la prise en charge adéquate de la douleur des patients. Cette prise en compte tardive de la douleur par notre système de santé est notamment due au fait que la douleur est une expérience individuelle. Il s’agit d’un ressenti, ce qui la rend particulièrement difficile à repérer et à évaluer. Dans les pays disposant d’un système de santé moins établi, la douleur n’est pas toujours une priorité. Sa prise en charge reste une spécialité médicale très peu connue et le personnel soignant n’est pas formé à la soulager.

Pourtant, socialement et individuellement, la douleur peut être si invalidante qu’elle peut interdire ou empêcher toutes activités pour celui qui souffre. Elle devient une source d’exclusion supplémentaire pour des populations qui sont déjà en grande précarité. Face à ce constat, DSF s’est attaché à développer des programmes de prise en charge des souffrances tant physiques que psychologiques. Cette expertise de la douleur est l’identité de Douleurs Sans Frontières, et aujourd’hui l’association est la seule à travailler sur cette expertise à travers le monde. 

Depuis 1996, notre volonté de soulager les souffrances s’est traduite de maintes façons : formations des professionnels médicaux, paramédicaux, d’agents communautaires et des aidants familiaux, sensibilisation du public, mise en place d’accompagnements au sein des différentes structures de santé locales, appui à la création d’unité douleurs mais également mise en place d’équipes mobiles intra hospitalières, d’équipes de soins palliatifs à domicile, travail de plaidoyer sur la disponibilité des opioïdes.

Douleurs Sans Frontières développe depuis de nombreuses années des actions de prise en charge de la douleur, de la souffrance et des symptômes de fin de vie des populations vulnérables/en situation de précarité selon une approche pluri et transdisciplinaire mettant en synergie divers métiers. Cette approche est mise en oeuvre avec les professionnels de santé : médecins généralistes et spécialistes, infirmiers, pharmaciens, psychologues, psychomotriciens et également avec les professionnels et acteurs du secteur social (assistants sociaux, éducateurs et les volontaires associatifs). Axée sur la construction de partenariats et le renforcement des capacités, l’approche de DSF met en œuvre des processus de formation-action privilégiant le compagnonnage. L’appui aux acteurs de santé (institutionnels et ceux de la société civile) vise à favoriser la coordination entre ces derniers afin de mettre en œuvre et d’améliorer des dispositifs adaptés aux contextes locaux.

La diversité des situations et des besoins rencontrés sur le terrain a permis à Douleurs Sans Frontières d’enrichir ses méthodes d’action et de travailler sans cesse à améliorer son efficacité. Dans un objectif de pérennisation de son action par une transmission réciproque de connaissances mais également afin de travailler de manière adaptée aux réalités de chaque pays, l’association travaille en partenariat avec des organismes locaux sur chacun de ses programmes.

DÉFINITION DE LA DOULEUR

D’après la définition de l’IASP (International Association for the Study of Pain), la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en terme d’une telle lésion.

La douleur repose avant tout sur le ressenti du patient, il s’agit donc d’une expérience entièrement subjective. Peu importe son expérience, on ne peut pas quantifier ou qualifier la douleur d’une autre personne.

Attention ! La douleur ne signifie pas nécessairement une lésion. Par exemple, les douleurs psychogènes qui n’ont pas de cause organique mais qui peuvent avoir des conséquences physiologiques.

On peut distinguer deux grands types de douleurs : 

  • La douleur aiguë : c’est une douleur brève, qui sert de signal d’alarme pour notre corps. Par exemple, c’est la douleur que l’on ressent en posant sa main sur une plaque brûlante. La douleur aiguë engendre des mécanismes de protection essentiels à notre survie : le réflexe de retirer sa main de la plaque brûlante, par exemple.
  • La douleur chronique : c’est une douleur qui peut accompagner une maladie ou devenir une maladie en soi. Il s’agit d’une douleur qui se prolonge, ayant des conséquences sur la vie fonctionnelle et émotionnelle d’un individu. Dans ce cas, la douleur perd sa fonction biologique de signal d’alarme et le patient d’être envisagé dans sa globalité.
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de Français souffrent actuellement
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de Français interrogés ont souffert d'une douleur de courte durée ou persistante au cours des 12 derniers mois
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est la limite conventionnelle entre douleur aiguë et chronique

ÉVALUATION DE LA DOULEUR

Le patient reste l’acteur principal de la prise en charge de sa douleur. Ainsi l’auto évaluation est un moyen de décrire au médecin sa douleur de manière claire. Lorsque le patient n’est pas en mesure d’évaluer sa douleur on utilise l’hétéro évaluation. Dans ce cas, le médecin s’appuiera principalement sur une échelle comportementale.

Il existe plusieurs échelles permettant aux médecins d’orienter le diagnostic et d’administrer le traitement adapté. Ces échelles sont particulièrement utiles lors d’un suivi de l’efficacité d’un traitement antalgique.

Dans la plupart des cas cette méthodologie reste limitée car il s’agit d’une évaluation objective alors que la douleur est définie comme un phénomène subjectif.

Les principales échelles d’auto-évaluation :

Échelle visuelle analogique

Il s’agit de l’échelle la plus utilisée, car plus sensible. En pratique, le patient décrit sa douleur en déplaçant un curseur près de l’extrémité qui se rapproche le plus de ce qu’il ressent.

Échelle verbale simple

On propose au patient une série de qualificatifs hiérarchisés allant de douleur absente à extrêmement intense, en passant par faible et modérée.

Échelle numérique

On demande au patient d’attribuer une note à sa douleur allant de 0 à 10 (10 étant la douleur maximale imaginable).

LA DOULEUR CHEZ L'ENFANT

La prise en charge de la douleur chez l’enfant a vu d’énormes progrès au cours de cette dernière décennie.

Si reconnaître la douleur est la première étape d’une prise en charge, l’évaluer est sans doute le meilleur moyen de la prévenir et de la soulager. Or, cette phase chez l’enfant n’est pas des plus simples, particulièrement auprès des nourrissons et des moins de 3 ans, qualifiés beaucoup trop jeuneS pour être en en mesure d’auto-évaluer leur douleur.

Ainsi, l’écoute attentive de l’enfant s’avère une action primordiale. Néanmoins, lorsqu’il s’agit d’enfants en bas âge, on aura recours à l’hétéro évaluation, en prêtant une attention particulière à certains signes comportementaux (froncements des sourcils, pleurs, sourcils froncés, sillon naso-labiale accentué…).  L’expression faciale est, aujourd’hui, considérée comme l’indicateur le plus fiable.

TRAITER LA DOULEUR

Les médicaments sont aujourd’hui très efficaces contre la plupart des douleurs inflammatoires. On utilise ainsi, du paracétamol, de l’aspirine ou de la morphine pour les douleurs les plus rebelles.

L’utilisation de plantes homéopathiques reste le mode de traitement privilégié dans certaines cultures. Actuellement, on considère que près de 60% des médicaments chimiques présents sur le marché sont issus ou dérivés de substances naturelles, généralement d’origine végétale.

La prise en charge de la douleur aiguë et chronique fait le plus souvent appel à une compétence pluridisciplinaire. D’autres approches peuvent être utilisées comme :

  • l’acupuncture
  • les techniques de toucher et massages
  • les techniques de relaxation et de sophrologie

La transmission électrique transcutanée est utilisée pour soulager la douleur en stimulant certaines fibres nerveuses, empêchant ainsi le passage de l’information nociceptive au cerveau.