Déplacement forcé de milliers de personnes du Haut-Karabagh en Arménie, l’intervention de DSF

Douleurs Sans Frontières est présente en Arménie depuis 2001 et, face à l’évolution de la situation de ces dernières semaines DSF souhaite participer au renforcement des mécanismes de résilience psychosociale des populations affectées par le conflit du Haut-Karabagh dans les régions du Lori et du Gegharkunik.

La population arménienne a été particulièrement affectée ces dernières décennies entre conflits, exactions et catastrophes naturelles. Les récents événements ont entrainé le déplacement forcé des populations arméniennes de la région du Haut-Karabagh, environ 100 000 personnes sont en mouvement. Cette situation fait suite à des mois de blocus provocant une crise alimentaire, des coupures de gaz et d’électricité à répétition, un isolement par des coupures des télécommunications.Ce blocus azerbaïdjanais a engendré des violences physiques comme psychologiques.

Douleurs Sans Frontières est présente sur le territoire arménien depuis plus de 20 ans et développe des actions de prise en charge psychologiques, psychosociales et mène également des activités dans le domaine de l’inclusion. Ces dernières années DSF a particulièrement travaillé sur la question des enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux et la prise en charge psychologique de femmes enceintes et jeunes mères.

DSF identifie dans cette urgence humanitaire, des besoins en premiers secours psychologiques, la gestion des Troubles et Stress Post-Traumatiques (TSPT), et plus généralement la prise en charge de la souffrance psychologique endurée par les personnes affectées par le conflit.

En effet, le vécu de la crise est collectif, le tissu familial et social est profondément ébranlé, le risque de séquelles dans la population est important. Par conséquent, la population souffre d’anxiété profonde, se manifestant par des symptômes dépressifs, une incapacité à se projeter dans l’avenir et une faible estime de soi. Les femmes et les enfants restent la population la plus vulnérable dans ce type de contexte. Le lien materno-infantile peut être particulièrement affecté lorsque la mère est en souffrance.

À ces problématiques s’ajoutent celles rencontrées dans les contextes d’urgences : vols, perte des biens ; violences physiques et /ou Violences Basées sur le Genre (VBG), manque d’accès aux services de base (alimentation, eau et assainissement, logement, etc), perte d’emploi, manque de services inclusifs pour les personnes en situation de handicap, etc. Cela vient renforcer la détresse de personnes déjà en situation de vulnérabilité extrême.

Sans une prise en charge psychologique des populations déplacées, les symptômes risquent de se cristallier, perdurer et impacter la reconstruction de la société arménienne. Ainsi il est nécessaire de développer et renforcer une résilience psychologique et psychosociale.

Dans la mesure du possible, un support émotionnel doit immédiatement être apporté aux victimes directement affectées par la situation dramatique ou la violence et leurs conséquences. L’approche psychologique et psychosociale ainsi que l’accompagnement des personnes dans ce processus de retour à la vie, permettent donc à la fois de renforcer leur résilience mais également de répondre à cette déstructuration sociale.

Pour cela, les équipes de DSF souhaitent développer l’accès aux services de Santé Mentale et de Soutien Psychosocial (SMSPS) pour les populations affectées par le conflit du Haut-Karabagh, dans la région de Lori et du Gegharkunik. En cela les équipes s’efforceront de soutenir les services de prise en charge psychologique existants, en renforçant les capacités des acteurs locaux, en formant les psychologues, les étudiant.es aux Premiers Secours Psychologiques et en gestion des Troubles du Stress Post-Traumatique. DSF participera à la coordination au niveau régionale et la structuration des services de SMSPS, avec la société civile et institutions publiques (hôpitaux, écoles).

Pour renforcer la résilience psychosociale, les équipes de DSF vont aussi fournir des soins de SMSPS aux populations affectées par le conflit du Haut-Karabagh. De par son expertise dans l’accompagnement materno-infantile en Arménie, DSF formera et accompagnera des professionnels de santé, d’une part, dans la prise en charge des femmes enceintes et jeunes mères en grande souffrance psychologique. Et d’autres part en mettant en place des séances de psychoéducation avec les enfants et adultes.

En ce mois d’octobre 2023, nous apportons tout notre soutien au arméniens et arméniennes, victimes du conflit dans le Haut Karabakh. Pour les équipes de Douleurs Sans frontières en Arménie, principalement composées de psychologues il est nécessaire d’agir et d’apporter un soutien et une prise en charge psychologique et psychosociale pour les déplacés du Haut Karabakh.