Soulager la douleur sans médicaments : une approche novatrice

En France, de plus en plus d’établissements de soins utilisent des méthodes sans médicaments en complément des traitements pour soulager la douleur. En effet, le soutien psychologique, la relaxation, l’hypnose, la sophrologie, etc sont des méthodes de mieux en mieux reconnues pour le traitement de la douleur. Le but est de diminuer la souffrance associée à la douleur et la douleur émotionnelle. Ces méthodes agissent donc pour le bien-être du sujet et optimisent la santé.

Si les antalgiques semblent la solution la plus simple, rapide et efficace pour lutter contre la douleur, sur le long terme, leur tolérance ou même le soulagement qu’ils procurent sont discutés.

C’est en cela que des techniques non médicamenteuses se sont développées, non pas pour se substituer mais plutôt dans une approche de complémentarité des médicaments.

On peut les diviser en trois catégories :

  • les moyens physiques et physiologiques : il s’agit de méthodes qui utilisent le plus souvent le contact de la peau pour stimuler les fibres nerveuses et atténuer la douleur
  • les méthodes psychocorporelles : la sensation de douleur peut être diminuée grâce à l’émergence d’un état de dissociation du conscient et de l’inconscient ; ainsi l’intérêt du patient sera focalisé sur autre chose
  • les méthodes comportementales : en utilisant différents outils tels que la respiration, l’imagination, etc, on agit sur l’aspect émotionnel

Ces techniques ne s’arrêtent pas au simple traitement de la douleur, mais englobent la charge émotionnelle que cette dernière procure. En effet, par ces procédés, l’anxiété est réduite, le patient a une impression de contrôler ce qu’il ressent et d’être un véritable acteur dans ses soins.

Ces techniques ont également l’avantage d’être à moindre coût. Il existe différentes techniques en France dont les méthodes psychocorporelles qui se servent du corps pour agir sur le psychisme. Parmi celles-ci, on compte l’hypnose et le détournement de l’attention qui sont aisés à transmettre aux professionnels au niveau international.

Le détournement de l’attention

Une technique de distraction : qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ?

En cas d’intervention médicale, l’anxiété du patient est bien souvent importante. Mais ce facteur est amplifié lorsque le patient en question est un enfant, et surtout quand celui-ci est sujet à des soins douloureux. L’approche suggérée par le droit français est alors de soulager la douleur, la détresse physique et psychique, en tenant compte des évolutions des sciences et des techniques (article R4311-2 du Code de santé publique).

C’est en cela que la méthode de distraction de l’enfant intervient : il s’agit de trouver une stratégie adaptée à l’enfant afin de lui permettre de se concentrer sur autre chose pendant l’acte médical. En effet, en activant la curiosité de l’enfant, celui-ci modifie son comportement et se détend. Cela permet à la fois la facilitation de manipulation pour le professionnel et l’intervention moins difficile et douloureuse pour l’enfant.

Comment ça marche ? 

Bien évidemment, la douleur ne disparaît pas. C’est l’attention qui va plutôt se retrouver concentrée sur un autre élément et donc permettre à ce que l’enfant ne soit pas bouleversé et traumatisé. L’approche doit alors être dans un but de réconfort. La présence physique des parents lors de la distraction, qui peut être effectuée par eux ou le professionnel, est nécessaire. 

Ainsi, lorsque l’ambiance est calme, l’idéal est d’expliquer les soins soit avec un jeu médical, soit avec des mots simples. Et enfin, quand l’enfant semble être décontracté, un certain nombre de jeux lui seront présentés et on lui laissera le choix du jeu qu’il préfère. Cela peut être faire un dessin, compter sur ses doigts, chanter, regarder une vidéo, souffler des bulles, écouter une histoire, jouer avec un kaléidoscope, etc.

Quand la mettre en place ?

Chaque soin médical provoquant potentiellement une angoisse chez l’enfant peut faire l’objet d’une distraction avant l’exécution du soin ; que ce soit pour une vaccination, des points de suture, une intervention chirurgicale, un traitement pour une maladie chronique (de type cancer, mucoviscidose, hémophilie…), etc.

Pour mobiliser l’attention, il faut préalablement se renseigner auprès des parents sur les centres d’intérêt de l’enfant, ce qui peut le « captiver ». Une fois le type de stimuli ciblé – basé sur un des cinq sens – plusieurs outils peuvent être proposés afin que les plus adaptés soient trouvés.

Une fois soulagé de la douleur, l’enfant pris en charge par le service de traumatologie retrouve le sourire. (cf. photos ci-dessus, prises à Madagascar en octobre 2018 par Rémy VANCOPPENOLLE)

A Madagascar, les équipes de Douleurs Sans Frontières utilisent cette méthode de distraction afin de soulager les enfants victimes de douleur.

 

L’hypnose

En France, les médecins s’intéressent de plus en plus à l’hypnose : psychologues, rhumatologues, gynécologues, endocrinologues, psychologues cliniciens, médecins généralistes, spécialistes de la douleur se forment à cette approche et l’utilisent dans leur pratique, notamment pour atténuer la douleur.

Qu’est-ce que l’hypnose ? 

Il s’agit d’une technique qui plonge le patient dans un état de conscience modifiée entre veille et sommeil (l’état hypnotique) et qui permet au praticien d’intervenir pour le soulager. A l’aide d’associations d’idées et/ou de suggestions, le médecin aide le patient à comprendre, accepter, gérer certaines situations qui le font souffrir. Il faut insister sur le fait que l’hypnose ne soigne pas une pathologie mais aide à soulager la douleur.

Comment se déroule une séance d’hypnose ? 

Un patient en état d’hypnose est conscient de tout ce qui est dit et de tout ce qui se passe autour de lui. L’hypnose permet de mettre en lien le conscient et l’inconscient et ainsi, d’aller chercher des ressources à l’intérieur de soi-même.

Les différents types d’hypnose médicale : 

Afin de soulager la douleur, l’hypnose met le patient dans un état de conscience hypnotique qui amplifie ses ressources internes afin de faire disparaître les symptômes.

  • l’hypnosédation : cela consiste en une hypnoanesthésie, pratiquée en bloc opératoire par des médecins-anesthésistes. C’est l’utilisation de l’hypnoanalgésie associée à une sédation consciente avec plus ou moins une anesthésie locale. 
  • l’hypnoanalgésie : c’est la prise en charge des douleurs aiguës et chroniques. Elle s’utilise seule ou en association à un anesthésique local, à des antalgiques et/ou des anxiolytiques, au mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote.

En Haïti, les équipes de Douleurs Sans Frontières utilisent l’hypnose afin d’apaiser les douleurs des patients. Ce moyen permet de traiter les douleurs en se passant de médicaments même si cela ne les fait pas disparaître.

« Outil de meilleure communication, technique d’analgésie, chemin thérapeutique, l’hypnose médicale serait-elle un coûteau suisse ?

Une réalité quotidienne : la distraction n’est-elle pas la meilleure façon d’échapper à la réalité pénible voire douloureuse ? Qui n’a jamais réalisé en fin d’un spectacle captivant que les sièges étaient inconfortables ?

Un outil thérapeutique : amener le sujet à retrouver le mouvement perdu et les apprentissages oubliés, masqués par les difficultés d’existence, par la douleur chronique ou par le deuil. Les objectifs sont définis ensemble et le travail avec la mémoire, l’histoire et les émotions du sujet s’effectue dans le respect mutuel. » Explication de Marie-Thérèse de Kergaiou, directrice des programmes à Haïti sur la pratique de l’hypnose