Agir pour la santé des femmes
La santé des femmes s’est progressivement affirmée comme l’une des priorités des programmes de DSF, en réponse aux vulnérabilités multiples et cumulatives auxquelles nos patientes sont confrontées, notamment en situation de maladie ou de précarité. Cette priorité repose sur la reconnaissance des inégalités spécifiques qui touchent les femmes dans leur parcours de santé et sur l’impact positif d’une prise en charge ciblée, globale et respectueuse.
DSF aspire à une société où toutes les femmes, en particulier les plus vulnérables, disposent d’un accès équitable à des services de santé de qualité, adaptés à leurs besoins spécifiques, et fondés sur le respect de leur dignité, de leur autonomie et de leurs droits.
Dans ses pays d’intervention, DSF agit pour lutter contre les inégalités d’accès aux soins, les violences gynécologiques et obstétricales (VGO), et les obstacles socioculturels et économiques limitant l’exercice des droits des femmes à disposer de leur corps et à devenir actrices de leur propre santé.

1. Renforcer l’accès des femmes à des services de santé sexuelle et reproductive, afin de garantir aux femmes le droit à disposer de leur corps.
Les inégalités de genre restreignent les opportunités des femmes à toutes les étapes de leur vie. Dans de nombreux contextes d’intervention de DSF, les normes patriarcales et les rapports de pouvoir inégalitaires entre hommes et femmes renforcent la dépendance sociale et économique des femmes. Ces dynamiques limitent leur autonomie décisionnelle, notamment en matière de santé, d’éducation, de planification familiale et de sexualité.
Ces inégalités sont à la fois causes et conséquences de risques accrus pour la santé des femmes menant à des souffrances graves liées à la santé, tels que :
- L’exposition aux infections sexuellement transmissibles (IST), dont le VIH ou le HPV.
- Les grossesses précoces ou non désirées, souvent liées à un manque d’accès à l’information et aux services de contraception.
- Les violences sexuelles et basées sur le genre, encore largement banalisées ou invisibilisées.
- La faible couverture en dépistage et en prise en charge adaptée, notamment pour les adolescentes.
Dans ce contexte, DSF agit pour garantir à toutes les femmes, et en particulier aux adolescentes et aux plus vulnérables, un accès équitable à des services de santé sexuelle et reproductive complets, inclusifs et respectueux. Cela implique :
- La promotion de l’éducation complète à la sexualité (ECS), adaptée à l’âge et au contexte, permettant aux jeunes de mieux comprendre leur corps, leurs droits, et d’adopter des comportements sexuels responsables, notamment pour les jeunes hommes.
- Le renforcement du dépistage et de la prévention du VIH et du cancer du col de l’utérus, ce dernier étant évitable par la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) et le dépistage précoce.
Les adolescentes et les jeunes femmes sont particulièrement vulnérables aux IST comme le VIH, qui touche 15 % des femmes au Mozambique. Elles font aussi face à des pathologies évitables comme le cancer du col de l’utérus, responsable de 350 000 décès dans le monde en 2022. Depuis 2021, DSF met en œuvre des programmes complets de santé sexuelle et reproductive (SSR) dans les écoles et les communautés, afin d’aider les jeunes à adopter des pratiques de santé responsables et à accéder à des services adaptés à leurs besoins.
Garantir aux femmes le droit à disposer de leur corps passe par la mise à disposition de services de santé respectueux, informés et adaptés, mais aussi par la transformation des normes sociales et des pratiques institutionnelles. DSF agit ainsi à la fois sur l’accès aux soins et sur les leviers communautaires et éducatifs, pour favoriser un environnement propice à l’autonomie et à la dignité des femmes.

2. Améliorer l’accès à des soins pour les femmes vivant avec des cancers féminins ou des pathologies gynécologiques chroniques, douloureuses ou invalidantes
Les cancers du col de l’utérus et du sein représentent des causes majeures de morbidité et de mortalité chez les femmes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Souvent, les stratégies de prévention, de dépistage et de traitement précoce sont limitées. Ces maladies sont alors détectées à un stade avancé, faute d’information, d’accès aux soins ou de services adaptés. Ces retards de diagnostic entraînent des décès évitables, mais aussi des souffrances physiques et psychologiques profondes pour les patientes et leurs familles.
Parallèlement, d’autres pathologies gynécologiques chroniques et/ou douloureuses, comme l’endométriose, les fibromes ou les troubles menstruels, restent sous-diagnostiquées, minimisées ou mal prises en charge. Ces affections provoquent douleurs, isolement, perte d’activité, et altération de la qualité de vie, en particulier pour les femmes les plus marginalisées.
Face à ces enjeux, DSF agit pour renforcer l’accès à une prise en charge globale, pluridisciplinaire et respectueuse des femmes vivant avec ces pathologies. Cela implique :
- Le dépistage précoce et la sensibilisation communautaire sur les cancers du sein et du col de l’utérus.
- La prise en charge de la douleur liée aux cancers et aux pathologies gynécologiques chroniques, en lien avec les soins palliatifs et la santé mentale.
- Le renforcement des capacités des équipes de soins pour offrir un accompagnement centré sur la patiente, fondé sur l’écoute, la dignité et le respect du corps des femmes.
- La réduction de la stigmatisation associée à certaines maladies gynécologiques, souvent invisibilisées dans les parcours de soins classiques.
D’ici 2030, DSF vise à sensibiliser plus de 40 000 femmes sur les cancers féminins et à intégrer durablement cette problématique dans ses programmes de santé intégrée, en collaboration avec les structures sanitaires locales et les communautés.
Lutter contre les violences gynécologiques et obstétricales (VGO)
DSF s’engage à faire des VGO une priorité de santé publique dans ses pays d’intervention. En collaboration avec les autorités sanitaires et les établissements de santé, l’organisation œuvre à intégrer des pratiques respectueuses et humanisées dans les soins gynécologiques et obstétricaux.
Deux leviers d’action complémentaires sont mobilisés :
Auprès des professionnels de santé, via des formations pour prévenir les VGO, promouvoir le respect des droits des patientes, améliorer les pratiques médicales et mettre en place des systèmes de gestion des plaintes.
Auprès des femmes, à travers des campagnes de sensibilisation sur leurs droits, les comportements abusifs, et les moyens de revendication pour des soins respectueux et consentis.
Cette approche vise à transformer durablement les mentalités, renforcer la confiance dans le système de santé et garantir un accès équitable à des soins de qualité, centrés sur la patiente.

3. Améliorer la qualité et l’accès aux services de santé maternelle et infantile, avec un focus sur l’accompagnement périnatal individualisé et l’humanisation des soins.
Dans de nombreux contextes, les femmes n’accèdent pas à des soins maternels de qualité, adaptés à leurs besoins physiques et émotionnels. Le manque de sessions prénatales, l’absence d’analgésie lors de l’accouchement, la fréquence des grossesses adolescentes, la faible préparation à la parentalité, et la négligence des souffrances psychologiques associées sont autant de facteurs qui fragilisent la santé maternelle et infantile.
L’accouchement est un processus physiologique normal qui peut, dans la majorité des cas, se dérouler sans complications. Pourtant, de nombreuses femmes subissent des interventions médicales inutiles ou systématiques, dans des environnements peu accueillants, déshumanisants, voire violents. Ce recours excessif à la médicalisation prive les femmes de leur capacité à vivre un accouchement en confiance, selon leurs besoins et dans le respect de leur dignité.
DSF agit pour garantir à toutes les femmes un parcours périnatal centré sur leurs droits, leur autonomie et leur bien-être, en favorisant des pratiques humanisées dans les soins prénataux, l’accouchement et le post-partum. Les actions de DSF visent à :
- Former les équipes de soins à la gestion de la douleur, dont des techniques non-médicamenteuses, à l’élaboration de plans de naissance, à la prévention des VGO et à l’accompagnement psychologique périnatal.
- Améliorer les conditions d’accueil dans les structures de santé (équipements pour la mobilité, la relaxation, la préparation à l’accouchement).
- Proposer des séances prénatales pour renforcer les connaissances des femmes sur leur corps, la grossesse, l’accouchement et la parentalité, avec implication possible des conjoints.
- Prévenir et prendre en charge les souffrances psychologiques péripartum, via des ateliers collectifs, un accompagnement individuel, et des groupes de parole pré et post-partum centrés sur le lien mère-enfant.
Cette approche globale vise à renforcer l’autonomie des femmes notamment pour vivre une mise au monde sereine, prévenir les violences obstétricales, et soutenir une maternité digne, consciente et apaisée.
Espaces Interdisciplinaires de Santé des Femmes (EISF)
Par ailleurs, dans des contextes où l’accès aux soins est limité pour les femmes, DSF souhaite développer des espaces de référence, tels que des Espaces Interdisciplinaires de Santé des Femmes. Ces structures offriront un soutien psychologique aux femmes et à leurs proches-aidants, tout en assurant un accompagnement holistique et pluridisciplinaire tout au long de leur parcours de soins. Elles permettront également d’orienter les patientes vers les services de santé les plus adaptés, consolidant ainsi une prise en charge intégrée et coordonnée.